Qui a tué le policier Slot le 14 octobre 1992 ?
La fusillade qui a coûté la vie à un lieutenant de police il y a seize ans jour pour jour reste une énigme. De nouvelles expertises viennent d'être lancées.
Brendan Kemmet | 14.10.2008, 07h00
C'est une des plus vieilles énigmes criminelles du Val-de-Marne. Un contrôle de routine qui, inexplicablement, vire au drame : un policier tué et un autre grièvement blessé. Nous sommes le 14 octobre 1992. Il est presque 21 heures. A la télé, la France affronte l'Autriche en match de qualification pour la Coupe du monde de football. Deux policiers de l'unité mobile de sécurité du Val-de-Marne, Thierry Slot et Jean-Luc Biron, patrouillent à Fontenay-sous-Bois, avenue Danton, en limite de Montreuil (93).
Une banale mission « anti-crim », dans leur 309 sérigraphiée. Au milieu de cette artère pavillonnaire, les policiers repèrent un homme à casquette, de « type méditerranéen », sur le trottoir, adossé à un mur. Vêtu d'une tenue sombre, il porte un sac. La 309 le dépasse, puis fait marche arrière.
Sept balles fusent
Les policiers n'ont pas le temps de sortir de leur véhicule. L'homme, caché par une camionnette, a dégainé une arme de poing, dotée d'un silencieux, et les attend, en position de tir. Il vide son chargeur sur les deux fonctionnaires, à moins de deux mètres de distance. Sept balles fusent. Thierry Slot est touché. Trois projectiles dans la poitrine.
Son collègue en reçoit deux autres mais parvient à riposter avant de s'effondrer. L'inconnu part en courant, ouvrant une énigme qui n'a toujours pas été résolue. Le lieutenant Thierry Slot, 31 ans, originaire du Nord, père d'une petite fille de quelques mois, est mort dans la nuit à l'hôpital Henri-Mondor. Son collègue survivra. Le jour des obsèques, Paul Quilès, le ministre de l'Intérieur de l'époque, viendra à Créteil « dénoncer l'incroyable lâcheté et la cruauté de l'acte dont nous aurons de cesse d'en arrêter l'auteur ». De fait, la brigade criminelle n'a pas ménagé ses efforts. La mort d'un policier constitue toujours une enquête particulière. A Fontenay, ce sera un travail de fourmi, auprès des riverains. Mais aussi à Alfortville et Villeneuve-Saint-Georges. Une rue plus loin, le tueur a en effet extirpé une infirmière de sa voiture qu'il abandonnera à Alfortville, avec une goutte de sang dans l'habitacle. Peu après, un artisan reçoit une balle dans le ventre parce qu'il ne veut pas céder son fourgon Citroën. Le véhicule sera retrouvé à Villeneuve-Triage, près de la Seine. Le fuyard a été aperçu près de la voie ferrée.
Les premiers soupçons se portent sur deux caïds du grand banditisme, qui viennent de s'évader. L'un de Bois-d'Arcy (Yvelines), l'autre de la centrale de Clairvaux (Aube) où un surveillant a été tué. Les enquêteurs pensent que seul un homme traqué a pu agir de la sorte. Mais la piste n'est pas concluante. Le vol d'une voiture en province dans des circonstances similaires mène sur les pas d'un artiste connu et qui a d'ailleurs été « balancé » peu après par un indicateur de la brigade des stupéfiants. L'homme aurait eu une raison de vouloir échapper à un contrôle : il transportait un kilo de cocaïne. Ce suspect fera une garde à vue en 1998 au quai des Orfèvres, sans pouvoir être inquiété davantage. L'affaire Slot n'est pas classée pour autant. Des expertises viennent d'être lancées.
Repoussant la prescription à 2018
Espérons que ce lâche assassin sera retrouvé
Modifié par Thomas, 09 octobre 2014 - 12:01.