La justice a retenu dimanche la charge la plus lourde « d'homicide volontaire aggravé » à l'encontre d'un chauffard, écroué pour avoir percuté mortellement un policier.
Ce jeune homme de 27 ans, d'abord placé en garde à vue à Rodez, a été déféré dimanche au pôle criminel de l'instruction de Montpellier où un juge l'a mis en examen.
« Il est mis en examen pour homicide volontaire aggravé, aggravé parce que la victime est une personne dépositaire de l'autorité publique », a indiqué procureur de Montpellier, Christophe Barret.
Le conducteur, qui encourt « la réclusion criminelle à perpétuité », a été « placé sous mandat de dépôt » et devait « être incarcéré, a priori à la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone », à l'ouest de Montpellier, a ajouté le procureur.
Le chef d'accusation est encore plus sévère que celui envisagé par le procureur de Rodez, Yves Delpérié, initialement en charge du dossier et qui, samedi, penchait « à titre personnel » en faveur d'une mise en examen pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner avec circonstances aggravantes ». Cette incrimination aurait conduit également le chauffard vers la cour d'assises comme l'homicide volontaire, mais il n'aurait été passible que de 20 ans de réclusion criminelle.
Aucune trace de freinage
Les premiers éléments de l'enquête sur le drame qui a coûté la vie à Benoît Vautrin, 36 ans, marié et père d'un jeune enfant, ont pesé contre le conducteur du véhicule. Le jeune homme, qui circulait avec un passager, propriétaire du véhicule, avait franchi un contrôle de vitesse à 95 km/h au lieu de 50 km/h à Aubin, près de Decazeville. Il était attendu par une deuxième équipe policière 600 mètres plus loin et avait fait demi-tour pour revenir à vive allure vers le premier groupe de quatre policiers.
« Le choc a été extrêmement violent, il n'y a aucune trace de freinage », avait déclaré le procureur de Rodez, vendredi sur place.
Les témoignages des riverains avaient ensuite battu en brèche les tentatives d'explications du conducteur, ancien pompier volontaire, puis militaire pendant sept ans. « Il a affirmé avoir fait un écart pour éviter le policier », mais « plusieurs témoins n'ont décelé aucune manœuvre d'évitement », rapportait samedi le procureur de Rodez, avant de se dessaisir de l'affaire au profit du pôle criminel de Montpellier.
Déjà contrôlé positif au cannabis
Les analyses de sang effectuées sur le conducteur ont révélé samedi après-midi qu'il était positif au cannabis. En outre, il avait déjà été condamné pour conduite sous l'emprise de produits stupéfiants. Le passager de la voiture a lui été remis en liberté samedi après-midi, sans qu'on sache quelles seront les éventuelles poursuites judiciaires à son encontre.
La conduite de chauffeurs ivres ou drogués a coûté la vie à plusieurs policiers au cours des dernières années, notamment en septembre 2012 à Cannes (Alpes-Maritimes) et en février 2013 sur le périphérique parisien, suscitant à chaque fois les protestations de leurs organisations syndicales, voire des rassemblements de policiers devant les commissariats.
Quand il était ministre de l'Intérieur, Manuel Valls avait déclaré en rendant hommage aux victimes : « La justice devra faire son œuvre avec la plus grande sévérité. »
Le Premier ministre a fait part vendredi soir de « son immense tristesse » à l'annonce du décès du policier de Decazeville et Bernard Cazeneuve, qui lui a succédé à l'Intérieur, a souligné que, « lorsque des actes aussi graves sont commis à l'encontre des forces de l'ordre, il faut que la justice puisse passer dans des conditions extrêmement rapides ».
Violences faites envers les forces de l'ordre
Comme en écho, les deux principaux syndicats de policiers, Unité SGP FO et Alliance Police Nationale, sont montés au créneau pour défendre le métier de policier.
Alliance, déplorant que « certains ne craignent plus personne », a réclamé « l'application systématique de peines de prison ferme contre les auteurs de violences faites envers les forces de l'ordre pour que de tels crimes ne se reproduisent plus ».
Dès vendredi, SGP FO dénonçait un « homicide » et demandait que le conducteur soit « condamné à la hauteur du crime commis ». « Le libellé de cette mise en examen prend en compte cette légitime argumentation », a réagi son bureau régional dimanche soir.
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Modifié par alex94, 13 avril 2015 - 00:05.