BEAUVAIS La collègue du policier tué poursuivie pour homicide involontaire
Courier Picard Publié le 08/02/2016
La victime n’était pas statique mais en mouvement lors de l’exercice de tir qui a dérapé. Sa collègue est poursuivie pour homicide involontaire.
Le policier accidentellement tué était habituellement en poste à l’aéroport de Beauvais-Tillé.
Jamais un accident aussi grave ne s’était produit dans la police nationale », insistait, hier, Jean-Philippe Vicentini, le procureur de la République de Beauvais, au lendemain du décès de Laurent Kerstemont. Cet agent de la police aux frontières participait vendredi à un entraînement, encadré par un maître formateur, avec deux autres de ses collègues de la PAF, au stand de tir dans les sous-sols du commissariat de Beauvais. Mortellement touché à la tête lors de cet exercice, ce père de famille de trois enfants, originaire de la commune d’Herchies, est décédé dimanche matin.
Deux balles tirées
Il ne s’agissait pas d’un entraînement statique au tir de précision mais d’une simulation d’attaque sur le terrain. « En mouvement dans la salle de tir, les policiers devaient à la fois couvrir leurs collègues qui se repliaient et visaient des cibles, explique Jean-Philippe Vicentini, qui s’est rendu sur place vendredi. Le policier touché jouait le rôle d’un agent en protection ». Ce jeu de rôle touchait à sa fin quand l’une des fonctionnaires a tiré sur le côté, là où se trouvait Laurent Kerstemont, touché une première fois dans son gilet par balles, une seconde fois à la tête. Pourquoi deux balles ? « Parce que les tirs sont toujours doublés lors des entraînements des forces de l’ordre », ajoute le procureur de la République. Ce qui n’explique pas comment cette policière décrite comme « expérimentée, comme ses deux autres collègues », a pu commettre l’irréparable. Poursuivie pour homicide involontaire, cette dernière a été placée sous contrôle judiciaire. « L’enquête devra vérifier dans quelles conditions le tir a été dirigé », insiste Jean-Philippe Vicentini. Sur le plan administratif, la direction centrale de la police aux frontières devra se prononcer prochainement sur une éventuelle suspension de cette fonctionnaire, qui va être entendue par l’Inspection générale de la police nationale.
Habituellement en poste à l’aéroport de Beauvais-Tillé, ces agents effectuaient leur première séance obligatoire de l’année. Trois tirs réglementaires sont imposés annuellement à chaque policier. « Tous les avaient préalablement respectés », décrit le procureur de la République. Lundi, le commissariat de Beauvais restait sous le choc. Les scellés ont été levés, mais le stand de tir restera neutralisé encore longtemps. « Ce sera difficile maintenant pour nos collègues de retourner s’y entraîner alors que c’est leur travail », confie Bruno Noël, secrétaire régional du syndicat Alliance. Ce drame pose évidemment la question du cadre sécuritaire de l’entraînement et de la nécessité de tirer à balles réelles.