« J’ai défoncé le chef de la police municipale ».
Il est calme, courtois. La voix douce, le vocabulaire choisi, Freddy Gaillard répond docilement aux questions de la présidente. Cet homme de 49 ans, ancien chauffeur de car, comparaît depuis ce lundi devant les assises des Yvelines. Il est jugé pour l’assassinat du chef de la police municipale de Saint-Arnoult-en-Yvelines, qui avait traumatisé tout le village en 2012.
Cédric Josso, le policier, était le nouveau concubin de Nathalie, dont Freddy Gaillard a partagé la vie pendant vingt ans. 30 septembre 2012. C’est la pause déjeuner. Cédric Josso, 38 ans, est seul dans son bureau. Son départ pour Béziers (Hérault) a été annoncé deux jours plus tôt dans le bulletin communal. Il doit s’y installer avec Nathalie et leurs enfants respectifs. Ce jour-là, Freddy Gaillard est venu « discuter ». Dix minutes plus tard, Cédric est retrouvé dans une mare de sang par ses collègues. Freddy Gaillard est interpellé dans la foulée, alors qu’il vient de se garer devant la gendarmerie de Saint-Arnoult. Les mains couvertes de sang, le pantalon déchiré, il annonce d’emblée la couleur : « J’ai défoncé le chef de la police municipale ».
La mutation de Cédric à Béziers. C’est ce qui aurait déclenché sa fureur. Il affirme avoir appris la nouvelle le jour même. Ajoutant que Cédric Josso avait évoqué cette mutation « avec un sourire narquois ». Gaillard se rue sur le policier. Et s’acharne. 24 plaies à l’arme blanche, une entaille de 23 cm à la gorge, les deux carotides sectionnées… « J’ai toujours eu un couteau sur moi, assure l’accusé depuis le box. Surtout pour couper ma viande. » Ce jour-là, c’était un cutter. « Notre séparation m’a fait beaucoup de mal, explique-t-il aux jurés qui examinent sa personnalité. J’ai sombré dans la dépression et l’alcool. J’avais quitté Nathalie mais c’était pour voir si elle me retiendrait. Elle ne m’a pas retenu… »
Une enfance « pas rose » à Abbeville (Somme) avec un père « maltraitant » qui l’élève à coups de ceinturon et l’enferme à la cave. Un CAP de mécanique et une carrière de chauffeur dans laquelle il a « tout investi ». Freddy Gaillard décrit « une jeunesse dans un milieu hostile » avant sa rencontre avec Nathalie dans une auto-école. Ils ont deux enfants, un pavillon à Bullion. « J’ai bossé dur pour ça. On avait une belle vie », résume-t-il. Incarcéré à Bois-d’Arcy, « sans histoire, mais fragile », Freddy Gaillard suit un traitement qui l’aide « à remonter la pente ». Il travaille en détention. Et va « souvent » à la messe. Le verdict est attendu ce mercredi.
leparisien.fr - 24/10/2016